lundi 15 décembre 2014

Journal de mon accouchement - Episode 1: l'arrivée à la maternité

Depuis 40 semaines, j'attends un petit garçon. Je fais partie de ces femmes insupportables qui adorent être enceinte. N'ayant eu aucun symptôme désagréable pendant 8 mois, il est plus facile de dire à qui veut l'entendre que la grossesse est un moment merveilleux. Mais le dernier mois fut lourd, dans tous les sens du terme. Je suis à 40 semaines, au jour du terme et toujours aucun signe annonciateur de l'accouchement. Je me suis préparée chez la kiné, j'ai lu un tas de livres, de blogs, d'expériences. L'accouchement, ce moment tant redouté et tant espéré semble être unique pour chaque mère. D'ailleurs, chaque femme, mère ou pas, partage son expérience et ses craintes avec moi. Pourtant, moi, tout ce dont j'ai envie, c'est de me replier dans mon cocon, de me concentrer et de me préparer à rencontrer ce petit être avec qui j'ai cohabité toutes ces semaines.

40 semaines et 3 jours. Toujours rien. Mais un mal de dos terrifiant me scie en deux ce dernier mois. Mon ventre va exploser, j'ai du mal à me déplacer. Mes gestes sont devenus lents, mon souffle réduit au minimum. Je suis vite exaspérée et... j'ai peur. Pourquoi tu n'arrives pas petit homme? Tout est prêt pour toi! Je guette le moindre changement dans mon corps, rien. Avec mon gynécologue, nous avons discuté de cette éventualité: et s'il n'arrivait pas? Mon intuition profonde me soufflait que nous allions aller au déclenchement programmé. Ce fameux instinct qui sait, avant la logique, avant la science, avant les arguments rationnels. Mais qu'on n'écoute jamais.

40 semaines et 6 jours. Je rentre en clinique. C'est un mardi soir. Je me rends à la maternité comme je rentre à l'abattoir. Je sais que je vais traverser une épreuve physique et mentale. J'ai peur, tellement peur. J'ai beaucoup pleuré ces dernières semaines. Plus qu'une peur, une terreur. Il faut dire que j'arrive avec un lourd bagage: à 12 ans, j'ai vu mon petit frère mourir quelques minutes après être sorti du ventre de ma mère, agonisante et inconsciente sur la table d'opération. L'étage maternité de l'hosto n'est pas synonyme de vie pour moi mais de mort. Et je suis en train de m'y rendre. Je déploie des efforts colossaux pour accepter mon histoire tout en faisant la part des choses. Mon petit bonhomme est en parfaite santé; je suis en parfaite santé; l'équipe médicale est au top. Je suis dans la voiture, à côté de mon mari et tout défile dans ma tête. Le chemin vers l'hôpital me parait incroyablement long. Nous avons pensé à tout: vivons le moment à présent.

A peine arrivée, vers 20h, je suis installée en salle de travail. Ce n'était pas celle que j'avais vue et souhaitée lorsque nous avions visités la maternité deux mois auparavant. La sage-femme avait bien noté dans mon dossier que, si cela était possible, je voulais aller dans la salle dite "nature". Une salle de travail magnifique, lumière tamisée, baignoire à bulles, baignoire d'accouchement, matériel de kiné. Tout pour une naissance paisible? En tout cas, ce qui allait devenir alors ma salle de travail pendant 17h, ne ressemblait en rien à ce que j'avais imaginé. Petite, froide, au papier peint défraichi, des vieux rideaux cachent du matériel médical froid et peu avenant. Il y a une baignoire aussi mais basique. L'éclairage au néon n'est pas du plus bel effet. Je m'installe sur la table et je suis littéralement encablée. J'ai à peine le temps de me changer. Monitoring sur le ventre, tension au bras, installation du cathéter. 16 de tension, c'est trop Madame. Et votre bébé fait de la tachycardie parce que vous en faites. Oui, je sais mais j'ai ce mort en tête vous voyez, j'ai pensé doucement, mais je n'ai rien dit, la gorge nouée. Mon gynéco entre dans la salle en tenue d'opération. Il est de garde ce soir. Je suis tellement soulagée: il va m'accompagner jusqu'à la naissance. Il connait bien ce passé douloureux, il sait pourquoi je suis si tendue. Il m'aide à me relaxer tout comme mon mari qui ne me quitte pas.

Vers 23h, nous sommes conduits à notre chambre. Une chambre petite mais moderne qui rappelle plus une chambre d'hôtel qu'un hôpital. Je me suis calmée et concentrée. Je me sens prête. Je me surprends à avoir même hâte d'y être. D'ici quelques heures, je pourrais voir mon fils, l'entendre et le toucher. Bon, j'ai aussi peur que de sauter dans le vide sans parachute mais j'ai ce bonheur aux tripes qui grandit. A 2h du matin, on viendra me chercher pour commencer l'induction.

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